Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/39

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lui attribuaient une origine ignée. Tous néanmoins s’accordaient pour admettre que les eaux avaient autrefois recouvert la surface entière du globe ; cette croyance était répandue chez les Hindous, chez les Égyptiens, aussi bien que chez les Phéniciens et par conséquent chez les Grecs.

La théorie actuelle de la terre ne serait donc en réalité que la combinaison chronologique, conformément aux lois de la physique et à l’observation directe, de ces trois hypothèses de l’antiquité, rapprochement assez remarquable qui ne nous semble pas avoir encore été signalé. Cette ancienneté des croyances à l’extension première des mers se rattache-t-elle aux traditions d’inondations générales que l’on retrouve chez tous les peuples ; est-elle le résultat de la présence des coquilles marines observées déjà sur beaucoup de points émergés depuis longtemps, ou bien la découverte de ces débris organiques vint-elle confirmer plus tard l’idée géogénique ? Toujours est-il que ces débris furent remarqués dès la plus haute antiquité, et que leur véritable origine n’était pas contestée alors comme elle le fut au moyen âge.

En cela, les prêtres de l’Égypte, qui admettaient que des destructions et des régénérations tant organiques qu’inorganiques avaient eu lieu à la surface de la terre, qui croyaient à des déluges ou cataclysmes, à des conflagrations ou ecpyrosis, étaient plus éclairés que bien des docteurs des xiiie, xive et xve siècles. Thalès, qui fonda l’école ionienne, vers l’an 600 avant Jésus-Christ, importa leurs idées en Grèce, où il enseignait que l’eau était l’origine de toutes choses, tandis que Xénon enseignait le principe du feu, ainsi que Parménide. Anaximène voyait dans l’air le premier principe de la création ; Démocrite s’efforçait de réunir les atomes qui devaient constituer l’univers, et Xénophane, né 617 ans avant Jésus-Christ, le fondateur de la secte éléatique et du panthéisme, établissait une partie de sa théorie sur l’unité de Dieu et du monde, sur l’existence des coquilles pétrifiées, signalait des empreintes de poissons dans les carrières de Syracuse et concluait que les lieux où se trouvaient ainsi des restes