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De tous les restes organiques signalés dans les roches par les anciens, on ne reconnaît d’une manière incontestable que ces petits corps lenticulaires désignés aujourd’hui sous le nom de Nummulites, et que Strabon décrit comme il suit[1], en parlant de l’Égypte : « Nous ne croyons pas devoir passer sous silence, dit-il, une chose singulière que nous vîmes aux Pyramides : ce sont des monceaux de petits éclats de pierre élevés en avant de ces monuments. On y trouve des parcelles qui, pour la forme et la grandeur, ressemblent à des lentilles ; n dirait même quelquefois des grains à moitié déballés. On prétend que ce sont les restes pétrifiés de la nourriture des travailleurs, et cela est peu vraisemblable, car nous avons aussi chez nous[2] une colline qui se prolonge au milieu d’une plaine et qui est remplie de petites pierres de tuf semblables à des lentilles. »

Pline dit aussi, en parlant des pyramides, qu’elles sont environnées de sables à gros grains pareils à des lentilles, comme dans la plus grande partie de l’Afrique : arena latè pura circùm, lentis similitudine, qualis in majori parte Africæ[3]. On a cru également que la pierre appelée daphnia par le même naturaliste devait être une Nummulite, mais rien ne justifie cette présomption ; le daphnia, dit-il[4], ressemble à une feuille de laurier, que Zoroastre croyait être un remède contre l’épilepsie.

La croyance que les anciens ont connu les coquilles fossiles que nous désignons aujourd’hui sous le nom d’Ammonites repose sur ce passage du même auteur : Ammonis cornu inter sacratissimas æthiopicas gemmes aureo colore, arietini cornu

  1. Géographie, liv. V, p. 397 ; éd. de du Theil. — Cette citation, déjà faite par Guettard, a été reproduite par des auteurs plus récents.
  2. Strabon était d’Amasis (Amassya ou Amasia), dans le royaume de Pont, localité d’où M. de Tchihatcheff nous a rapporté récemment de nombreuses Nummulites que personne n’y avait signalées depuis le grand géographe de l’antiquité.
  3. Historia mundi, lib. XX, p. 167, éd. d’Ajasson de Grandsagne, 1833.
  4. Ibid., lib. XXVI, p. 403.