Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/474

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« par elle se sont répandus et propagés sur les terrains nouvellement mis à sec, et que, par conséquent, c’est depuis cette époque seulement que nos sociétés ont repris une marche progressive, qu’elles ont formé des établissements, élevé des monuments, recueilli des faits naturels et combiné des systèmes scientifiques.

« Mais ces pays aujourd’hui habités, et que la dernière révolution a mis à sec, avaient déjà été habités auparavant, sinon par des hommes, du moins par des animaux terrestres ; par conséquent, une révolution précédente, au moins, les avait mis sous les eaux, et si l’on peut en juger par les différents ordres d’animaux dont on y trouve des dépouilles, ils avaient peut-être subi jusqu’à deux ou trois irruptions de la mer. »

Nous avons reproduit ces passages pour montrer combien, dès qu’il sortait de ses études spéciales, Cuvier se trouvait au-dessous de ce que l’on savait de son temps, non-seulement en Europe, mais encore en Amérique. Invoquer ici de Luc et de Dolomieu, c’est n’être pas plus avancé que les professeurs de géologie du Collège de France et du Muséum d’histoire naturelle dont nous parlerons tout à l’heure. Ces conclusions ne sont encore qu’une de ces formules variées quant à la forme, et à l’abri desquelles les anciens auteurs se croyaient obligés de mettre leurs observations pour les faire accepter. Où sont, en effet, les preuves de cette révolution qui aurait déprimé et fait disparaître les pays habités par les hommes, avec les espèces d’animaux aujourd’hui les plus connus ? de cette révolution qui aurait mis à sec le fond de la mer et formé les pays actuellement habités ? Où sont les indices de ce mouvement de bascule en sens inverse de deux portions de la croûte terrestre à cette époque ? Comment un esprit aussi positif, aussi logique, aussi sagace que celui de Cuvier, lorsqu’il s’agit de reconstruire tout un animal avec quelques fragments d’os, a-t-il pu s’égarer ainsi en se mettant à la suite des rêveurs de tous les temps ?

S’il y a quelque chose de démontré pour quiconque suit sur une carte la distribution des dépôts les plus récents, c’est leur coordination géographique et orographique avec ceux qui les ont