Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/96

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Ainsi, en parlant des blocs erratiques, épars sur sa pente orientale, il dit (p. 151) : « Les eaux de l’océan dans lequel nos montagnes ont été formées couvraient encore une partie de ces montagnes, lorsqu’une violente secousse du globe ouvrit tout à coup de grandes cavités qui étaient vides auparavant et causa la rupture d’un grand nombre de rochers. Les eaux se portèrent vers les abîmes avec une violence extrême, proportionnée à la hauteur qu’elles avaient alors, creusèrent de profondes vallées et entraînèrent des quantités immenses de terre, de sable et de fragments de toutes sortes de roches. Ces amas, à demi liquides, chassés par le poids des eaux, s’accumulèrent jusqu’à la hauteur où nous voyons encore plusieurs de ces fragments épars. »

La présence de ces débris de roches cristallines des Alpes, déjà signalée par Bourguet, sur les pentes du Jura opposées au débouché de la vallée du Rhône, comme ceux du Salève, vis-à-vis du débouché de l’Arve, sont, pour de Saussure, des preuves irrécusables de son hypothèse. La brisure du fort de l’Écluse aurait été en grande partie approfondie par les eaux, et, en résumé, c’est à une grande débâcle, survenue lorsque la mer couvrait encore les montagnes jusqu’à une hauteur considérable, que doivent être attribués l’aspect érodé des escarpements du Vouache, du Salève, de la gorge du fort de l’Écluse et la dispersion des blocs et des cailloux.

Quant au Salève en particulier, ses couches, inclinées à l’E., verticales même par places, auraient été déposées telles qu’on les voit aujourd’hui. « Si les couches des montagnes, dit l’auteur (p. 185), n’avaient été produites que par des accumulations de sédiments proprement dits, comme on le croit communément, il n’aurait pas pu se former de couches dans une situation verticale, et toutes celles à qui nous voyons cette position n’auraient pu la recevoir que de quelque bouleversement ; mais, comme les bancs de la plupart des roches ont été produits, suivant mes observations, par une espèce de cristallisation confuse, et que les cristallisations n’affectent aucune situation particulière, qu’elles se forment sous toutes sortes