Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/141

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sans aucune corrélation nécessaire entre eux, toujours plus ou moins disséminés, manquant sur de grandes étendues d’une même couche et souvent dans des pays entiers. Telle est la classification exposée par M. P. Gervais[1], qui établit, avec cette seule considération, dans le terrain tertiaire inférieur de la France, trois divisions désignées par les noms de orthocène, éocène et proïcène, deux dans le terrain tertiaire moyen et deux dans le supérieur, auxquelles il faut peut-être ajouter la période de l’homme (holocène). Classification et terminologie, l’une n’était pas plus admissible que l’autre.

Il y a trente ans, une classification.partielle, fondée sur un principe différent et sur une autre classe de fossiles, celle des mollusques, avait été appliquée aussi aux terrains tertiaires par MM. Ch. Lyell et Deshayes. Ces savants avaient admis qu’il existait, dans les divers dépôts de cette époque, une certaine proportion déterminée d’espèces ayant encore leurs analogues vivants dans les mers actuelles, et que cette proportion était d’autant moindre que les couches étaient plus anciennes. Ils trouvèrent, en comparant environ 3000 espèces fossiles et 5000 espèces vivantes que la proportion de celles-ci par rapport à celles-là était de 3 1/2 % dans les couches les plus basses, de 17 %, dans celles qui venaient au-dessus, et de 35 à 50 % dans les plus élevées. Cette proportion devenait 90 à 95 %, dans les dépôts les plus récents que nous appelons aujourd’hui quaternaires. la commodité de ce moyen pour apprécier l’âge relatif d’une couche tertiaire sur un point quelconque frappa vivement les géologues et les paléontologistes, et, sans qu’on se rendit bien compte de la valeur réelle du procédé, il eut un grand succès. Mais nous avons fait voir qu’il ne supportait point une analyse rigoureuse et nous reproduisons ici ce que nous avons déjà écrit à ce sujet. Il va sans dire que pour les zoologistes qui n’admettaient pas qu’une seule espèce tertiaire ait son analogue dans la faune actuelle, ce mode d’appréciation était complètement nul.

  1. Comptes rendus de l’Acad. des sciences, vol. XXXIV, p. 516 ; 1852.