La diversité des points de vue a sans doute de graves inconvénients, comme on vient de le dire, mais chacun d’eux repose au moins sur une donnée scientifique dans chaque sorte de classification, tandis qu’il y a une source d’erreurs qui n’a réellement aucune excuse possible. Elle consiste à se servir tantôt d’expressions et de mots différents, mais non équivalents ni synonymes, si ce n’est peut-être dans la pensée de l’auteur, pour désigner une même chose ou une même idée, d’ailleurs bien déterminée, tantôt de la même expression ou du même mot pour des choses ou des ordres d’idées tout à fait distincts.
Nous prendrons pour exemple le mot terrain, qui est un de
ceux dont on a le plus étrangement abusé. Ainsi, dans le même
ouvrage, on lira tantôt le terrain jurassique, tantôt la formation
jurassique ; plus loin, le terrain secondaire, puis le terrain
corallien, et enfin ce même mot appliqué à une couche accidentelle
de quelques mètres d’épaisseur et de quelques kilomètres
d’étendue. Plusieurs personnes emploient le pluriel et disent
les terrains jurassiques, ce qui n’a plus de sens. Nous pourrions
en citer enfin qui, après avoir divisé le terrain jurassique en
formations, et les formations en étages, subdivisent de nouveau
ces étages en terrains ! Que penserait-on de l’esprit philosophique
d’un zoologiste ou d’un botaniste qui se servirait du mot
classe, tantôt au pluriel, tantôt au singulier, ici dans son acception
la plus large, là pour les mots ordre, famille, genre et
même espèce, et qui dirait indifféremment les ordres des quadrumanes,
les ordres des cheiroptères, etc., ou bien la classe
des mollusques, l’ordre des brachiopodes, le genre Térébratule
et la classe de la Terebratula biplicata ? On voit combien sont
méconnus par les géologues les principes les plus élémentaires
de la méthode, puisqu’on donnerait ainsi à une fraction, quelquefois
infiniment petite, non-seulement la même valeur qu’à
l’unité, mais encore qu’à un multiple de l’unité.
Terminologie adoptée.
Le langage géologique ne semble pas devoir prétendre de longtemps à la régularité systématique des terminologies zoologiques et botaniques, étant composé de mots tirés de la plupart des langues modernes, de noms de localités, d’expressions