Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/405

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Falkland, c’est aussi celle des hautes vallées du Jura où les dépôts sont si nombreux et si puissants. Lorsqu’on s’avance ensuite vers le N. l’activité de la végétation diminue, les marais. gagnent en étendue par la disposition du sol, mais la tourbe est de moins en moins épaisse.

On peut conclure de ces faits que la température du globe n’a pas sensiblement changé ou ne s’est pas réchauffée d’une manière bien prononcée depuis les dépôts diluviens, et si, pendant la période quaternaire, la température de l’Écosse, par exemple, s’était abaissée et étendue jusqu’aux îles Madères, on devrait, suivant M. Lesquereux, trouver quelque part, dans le midi de l’Europe, des dépôts tourbeux contemporains de cet abaissement de température, et c’est ce qu’on n’observe pas.

Mais à l’époque où l’auteur écrivait on ne se faisait pas une idée bien nette de l’étendue de la période quaternaire ; on n’y voyait que le transport des blocs, des cailloux roulés, etc., et la destruction des grands mammifères, c’est-à-dire la fin même ou une partie de cette période. Mais en réalité l’abaissement de température supposé n’a rien d’incompatible avec le caractère négatif invoqué, car il n’a eu qu’une faible durée relative, insuffisante pour donner lieu à de puissants dépôts tourbeux, lesquels, s’ils avaient eu lieu, auraient encore pu être enlevés et détruits par les phénomènes diluviens qui ont exercé leurs actions dénudantes précisément dans la même zone.

La tourbe s’observe dans l’ouest de la France, depuis les landes de la Gascogne jusqu’en Belgique, dans les dépressions du sol où règnent les conditions que nous avons indiquées ; mais c’est surtout sur le littoral de la mer du Nord qu’elle prend un accroissement particulier. Toute la Hollande repose sur un sol tourbeux, et les sondages comme les puits exécutés sur ses divers points montrent toujours plusieurs couches de cette substance, séparées par des lits plus ou moins argileux, indiquant les changements de niveau relatif survenus pendant la succession du phénomène général. Celui-ci s’observe sans discontinuité depuis le Zuyderzée jusqu’à l’embouchure de l’Elbe, sur une largeur de 20 à 25 lieues à partir de la côte.