Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Un autre résultat de ces recherches sera de faire disparaître du langage ordinaire ces dénominations de celtiques, druidiques, etc., appliquées longtemps, dans l’ouest de l’Europe, à des ouvrages et à des objets d’industrie, dont les noms des constructeurs ou des fabricants nous sont complètement inconnus, puisqu’ils remontent à des temps antérieurs à toute tradition historique sur ces pays. Les peuples dont nous savons quelque chose ne sont déjà plus de l’âge de pierre, et beaucoup peut-être sont plus récents que l’âge de bronze, car nous ne possédons encore aucune notion ni sur le moment où ces diverses populations ont commencé à fixer leur pensée par des caractères ou signes représentatifs, ni sur ces caractères eux-mêmes ; on ne connaît que des systèmes paléographiques complets, et l’on ne sait ni quand ni comment chacun d’eux s’est formé dans l’origine, pas plus que les langues qu’ils traduisent.

Nous pouvons donc, comme résultat de ce coup d’œil rapide sur ses premiers établissements dans quelques parties de la terre, entrevoir combien a été longue l’enfance de l’humanité, enfance que tant de peuples n’ont pas encore dépassée et ne dépasseront sans doute jamais, puisqu’un si grand nombre d’autres ont déjà disparu de la terre sans avoir atteint l’âge adulte. Combien de siècles ont dû s’écouler avant que les races prédestinées à y arriver soient parvenues à ce qui nous semble aujourd’hui si simple, à transmettre leurs idées par des signes ?

Les traces matérielles de l’industrie naissante de l’homme, la marche si lente et presque incommensurable de ses progrès à travers tant de générations qui se sont d’abord succédé, le développement à peine sensible de son intelligence appliquée aux choses les plus usuelles de la vie, et qui ne dépassait pas de beaucoup l’instinct de certains animaux, tandis que toute idée élevée sommeillait profondément, que toute application de cette idée à un but immatériel semblait être inconnue, sont sans doute, dans l’ordre intellectuel, un phénomène bien curieux. Que pouvaient faire présager ces premières manifestations de la présence de l’homme, alors que les produits de ces facultés, qui plus tard devaient tenir du merveilleux, étaient loin d’atteindre