Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/579

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Alcméon, que cite l’illustre historien de la Guerre du Péloponèse, n’est qu’une allégorie mythologique du phénomène des alluvions, ou, comme l’ont désigné les Grecs de l’époque classique, πρόσχωσις.

Les pythagoriciens ont également observé ces dépôts modernes dont Ovide cite des exemples dans le XVe livre des Métamorphoses en reproduisant les doctrines de cette école.

L’auteur du livre apocryphe Sur la nature de l’Univers, attribué à Ocellus Lucanus, pense que le fond de la mer change de temps en temps, et que ce sont les vents ou tremblements de terre et les eaux qui déterminent la distribution des masses continentales. Anaxagore de Clazomène soutenait, au dire de Diogène Laërce, que les montagnes de Lampsaque devaient être un jour recouvertes par les eaux de la mer, tandis que Démocrite l’abdéritain croyait que ces dernières diminuaient constamment.

Le mythe de l’Atlantis prouve que Platon, ou celui à qui ce philosophe l’a emprunté, avait observé la zone de sédiments déposés par les flux golfoïdes au fond de la Méditerranée, près de Gadès (ταινία ὕφαλος), et remarqués aussi plus tard par Straton de Lampsaque.

Le Phédon nous donne encore la preuve que Platon a constaté la décomposition extérieure des roches cristallines ; mais à cet égard, comme à beaucoup d’autres, on ne trouve rien dans les anciens auteurs qui soit comparable à ce que nous lisons dans le dernier chapitre du Ier livre de la Météorologie d’Aristote. Ce ne sont pas les mêmes parties de la surface, terrestre, dit le philosophe de Stagire, qui sont toujours continents ou couvertes par des eaux ou bien toujours au-dessus et toujours au-dessous du niveau des mers, mais elles changent de nature suivant la source et le desséchement des rivières. Cependant ces modifications ne se produisent que suivant un certain ordre périodique propre à la nature des choses et analogue aux mouvements de la vie chez les animaux et les végétaux. Comme ceux-ci, l’intérieur de la terre a sa jeunesse et sa vieillesse. Mais notre propre existence est trop courte