les conséquences déduites sont loin d’avoir l’importance que le savant auteur leur attribuait. L’objection de Cuvier relative à l’influence exceptionnelle de la domestication, qui ne peut ici servir de preuve, nous paraît avoir toujours la même force, aujourd’hui comme il y a quarante ans, et cela malgré les tentatives de toutes sortes sur lesquelles on s’est appuyé récemment encore et dont nous aurons occasion de parler tout à l’heure.
Nous n’avons pas voulu rompre l’ordre des idées sur la mutabilité
des êtres, de plus en plus atténuées depuis de Lamarck
jusqu’à I. Geoffroy Saint-Hilaire ; mais nous devons, avant de
passer aux travaux les plus récents publiés dans cette direction,
mentionner quelques opinions émises en sens opposé ou plus
ou moins différentes.
C. Duméril, Strauss
Ainsi, C. Duméril, le premier collaborateur de Cuvier, comprenait
l’espèce comme une race d’individus semblables qui,
sous un nom collectif, se continuent et se propagent identiquement
les mêmes[1]. Dans sa Théorie de la nature, M. Strauss
dit : « Il est certain que les hommes, aussi bien que les divers
De Blainville.
animaux, sont toujours restés ce qu’ils ont été, et le sont
encore de nos jours sans la moindre différence[2]. » De Blainville
P. de Candolle.
caractérisait l’espèce « l’individu répété et continué dans
le temps et dans l’espace. » P. de Candolle disait en 1813 :
« La collection de tous les individus qui se ressemblent plus
entre eux qu’ils ne ressemblent à d’autres, qui peuvent, par
une fécondation réciproque, produire des individus fertiles et
qui se reproduisent par la génération, de telle sorte qu’on peut,
par analogie, les supposer tous sortis originairement d’un
A. de Jussieu.
seul individu, telle est l’idée essentielle de l’espèce[3]. » Cette
définition est implicitement admise par Adrien de Jussieu[4] et