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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/194

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LE ROI

enflammé, raide sur sa haute selle, le roi clama par-dessus les piques :

— Que l’homme qui me combattit et me blessa d’un coup d’épée dans la tête à la pistolade de Cahors s’écarte de son rang et vienne ici !

Des derniers bataillons lointains, dans le silence, on vit une silhouette s’animer, sortir de la foule, glisser d’escouade en escouade, le long des chevau-légers, des arquebusiers, des gendarmes, remonter par les intervalles vers les compagnies de piquiers, entrer d’un pas de parade dans le grand demi-cercle vide et s’arrêter court, l’esponton en main, à quatre toises du roi.

— Parle sans crainte, dit le Béarnais. De quelle nation es-tu ?

— De la picarde, sire, du côté qu’on nomme la Thiérache.

— Quel était ton ancien état ?

— Apprêteur d’étoffes de serge.

— Et ta religion ?

— Catholique.

— C’est toi, n’est-ce pas, que je vis s’opiniâtrer contre ma personne dans une rue de Cahors ?

— Oui, Majesté.

— Conte-nous comment tu t’y pris. Je me souviens qu’au moment où mon cheval voltait…

— Au moment où voltaient vos chevaux contre le moustier, je vous écartai de l’escorte par un coup de mon pistolet.