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LE ROI

La quatrième montrait le roi aux prises, dans une mêlée, avec un soldat picard qui lui enlevait d’un coup de glaive un pan du visage. Le roi, dégouttant de sang rouge, le signait au front pour le reconnaître, et le déclarait prisonnier.

— C’est bien lui que je nommai capitaine après la bataille en souvenir des audacieux coups qu’il m’avait portés. Ce soldat picard était un poignet !

La cinquième professait l’énergie du corps et la décision de l’idée, montrait une grappe humaine, vingt hommes suspendus par une corde au-dessus d’un gouffre. On n’apercevait que leurs crânes ; mais une tête, en haut, tournée vers le spectateur, indiquait par son expression de lassitude l’effroyable effort entrepris. Vingt cercueils, dans l’ombre de l’abîme, étaient rangés l’un à côté de l’autre, et attendaient.

Le roi frissonna :

— Laid souvenir ! Passons au tableau suivant qui est plus aimable.

La sixième tapisserie, montrait la précieuse armée de Mayenne symbolisée par la masse confuse des deux cent mille hommes du sempiternel Lonlenlas, général en chef des Badins, lesquels, du mestre de camp de l’aile droite à l’anspessade de l’aile gauche, paraissaient occuper de front toute la largeur de l’Allemagne. Les quelques hommes du premier plan, distincts, arboraient plumails richissimes, étendards de dentelles et fusils vermeils, mais leurs pieds étaient des racines dont