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LE ROI

d’autres le commandement des armées. Paris le déclara Connétable, en attendant mieux. Une foule de partisans défendait sa cause, espérant de lui, sur promesses, toutes sortes de bénéfices, places, gouvernements et emplois ; il était maître, et la Dame de Montpensier, sa sœur, pendit à sa ceinture une paire de ciseaux d’or pour tonsurer le roi de France, vraisemblablement « destiné au monastère ». De sa fine main pâle, Henri III caressait toujours ses petits chiens.


Là-bas, en Gascogne, le roi de Navarre instruisait ses troupes :

— Les compagnies d’arquebusiers vont aux entreprises ; elles sont nécessaires pour former les avant-postes des méchants logis, et donner le temps de monter en selle. Une simple cuirasse de buffle allège les chevaux, et permet aisément aux hommes de manier l’arquebuse à rouet. — Compagnons, la manœuvre !


Audace et folie aux prises. Les amis du grand séditieux l’exhortèrent à ne point user la fortune, la patience du roi leur faisait peur. Guise brava. Retirant de sa serviette un billet qui l’avertissait de sa mort, il y inscrivit en marge : « Qui oserait me tuer ! » Le 22 décembre, jeudi, le roi fit mander à Guise qu’il tiendrait conseil le matin. Le duc entra au Château et entendit les portes se refermer. Blanc comme la mort, il salua gracieusement ; et comme il s’embarrassait à soulever la portière de l’antichambre du roi, quelques gardes qui étaient là lui plongèrent leurs épées dans le ventre, dans la tête et dans la poitrine. Il s’ôta de