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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/268

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LE ROI

qu’il fallait agir, bouter une fois de plus l’allumette aux pièces, rappeler vigoureusement à lui la victoire, et comme il redoutait d’assaillir Paris, dans la crainte que sa faible armée succombât sous les triples coups des trois ducs, il leva sans bruit le piquet et se déroba de la capitale, les babines froncées, comme un lion recule pour prendre élan.

— Autre effort, songea-t-il. Va falloir gagner le tout par petits morceaux, mais il est plus facile d’accomplir soudain tel grand acte que de faire quotidiennement de légers devoirs ; la vigueur est sourde et patiente.

Et sans se laisser éblouir par la vue d’un trône où le couteau l’élevait, il reprit les armées royale et huguenote, ajouta la bande de Navarre aux quatre vieux régiments entretenus des Gardes Françaises, de Piémont, de Champagne et de Picardie, en leva d’autres, catholiques, renforça la cavalerie protestante par, des escadrons de Gendarmes et les nobles du Languedoc, gagnant par les honneurs ceux qui les préféraient à l’honneur, écartant les suspects, et sondant chacun d’un irrésistible regard, avec ces yeux qu’on savait, clairs et souverains, qui perçaient la peau des figures pour mieux voir le fond des pensées. Une fois ses troupes dans le poing : vingt mille routiers à l’écharpe blanche, il envoya La Noue et Longueville surveiller dans la Picardie le duc de Parme, gouverneur des Pays Bas espagnols, chargea le maréchal d’Aumont de l’instruire des