Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
LE ROI

— La poule à ma tante ! jura le Gascon, tu as bien de l’esprit, camarade ! Et puisque vous êtes si digne d’être officier, monsieur, depuis quand l’êtes-vous ?

— Du jour de l’attaque de Ponteau-de-Mer, sire, que Monseigneur de Biron m’a fait cette grâce, et on ne l’a point faite à mon camarade Classac qui l’avait méritée plus que moi, parce que sûrement Monseigneur ne l’a pas connu.

— Oh ! la belle parole ! dit le Gascon ; et moi, ajouta-t-il, je fais officier votre Classac sans le connaître, et prendrai grand soin de vous, Ventre-Saint-Gris ! et de votre père le boulanger ! — Quel homme ! quels hommes ! dit-il en redescendant vers l’arrière-garde.

Elle râlait de lassitude ; il remit son cheval à un noble de sa Cornette et se mêla aux troupes.

— Et done, dit-il en prenant un caporal au collet, tu rechignes et murmures des baves sur tes officiers et moi-même à cause de la rapidité de notre marche. Vous auriez raison, fit-il à la compagnie, si c’était pour faire parade, mais nous allons à Dreux conquester la ville. (Des têtes en sueur se relevaient) Faut donc que chacun en donne, afin d’en reprendre après la campagne. Vous reverrez en ce temps-là vos anciens logis ; le soldat s’agrémentera près de sa femme d’une bourrée de cotrets, d’une miche et d’un flacon de vin ; alors seulement nous nous lèverons tard et ferons honneur au soleil. (Il activa insensiblement) Voyez le Béarnais : il mange en votre assiette,