Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
LE ROI

s’altéra), ce dont je peine et pâtis, car l’affection n’existe que main en main, et de bon compère à commère. (Elle se mit à genoux) Voyez et recon naissez mon cœur, sire ; je viens pour partager le plus dur, tracas et travaux, et jouir en mon secret de vos gloires. On dit que vous allez combattre dans peu (demain, fit le roi) ; eh bien ! s’écria madame de Gramont, je vous demande comme le plus grand bonheur qui me puisse venir de vous d’ordonner qu’on me laisse un coin dans la troupe de vos gentilshommes, au milieu de cette Cornette dont on dit partout les merveilles ; je m’y comporterai, sire, comme ceux de la maison de Gramont qui vivaient à cheval plus qu’à table et gardèrent toute leur vie leur habillement de loyauté. Pesez, sire, et veuillez répondre.

Le roi souriant la releva.

— J’aime ces résolutions ! cria-til. Y avait en l’antiquité d’accortes amazones qu’il m’eût plu à mener combattre, mais tous ces beaux temps sont finis. Vous seriez âprement déchirée des glaives.…

— Nani ! Et quand cela serait, je mourrai debout à vos côtés !

— Vous passez la neige en blancheur, un coup plein de poudre noircirait ces lis du visage.

Elle se jeta dans ses bras. Vaincu, il aceorda tout au baiser.

— Mais vous ne pouvez me suivre ainsi, dit-il, en vertugadin et dentelles de grand gala.

— Faites-moi donner l’armement, sire, la tête