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LE ROI

armés seulement d’une épée, le roi qui désespérait de Biron choisissait la place de sa mort et mesurait déjà d’un regard noir le terrain où allait tomber sa noblesse, lorsqu’une voix lointaine l’appela soudain :

— Sire !

Le Maréchal accourait.

Suivi des troupes de « conserve, », de ses régiments de gendarmes, de trois cents cavaliers picards, de deux cents poitevins et de tous les débandés de l’aile gauche et du centre, Biron vint s’ajouter aux survivants gentilshommes qui se raffermirent.

— Vous nous arrivez comme l’ange exterminateur ! lui cria le roi.

— Sire, je ne vois plus flotter la Cornette…

— Cet étendard est perdu, les coquins m’ont tué le comte de Rhodes.

— Et votre panache ? Le roi ôta son casque ; le porte-plumet, brisé, ne montrait qu’un tronçon de corne.

— Notre maître, dit malignement d’Aubigné, songez à votre discours d’avant la bataille : « Si vous n’avez plus de drapeaux, volez à mon plumail blanc ! » Comment nous rallierons-nous tout à l’heure ? les cornettes nous manquent, votre panache aussi.

Les nobles, riants, remontaient en hâte sur leurs chevaux. Le roi allait répondre une raillerie, mais il aperçut Corisande.

Belle, pâle, une goutte de sang au cou, énervée