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LE ROI

IX


La victoire d’Ivry, glorieuse, devait être politiquement stérile, moralement féconde. La poussée vers la capitale répugnait aux catholiques qui ne voulaient pas d’un chef protestant, aux huguenots qui appréhendaient sa conversion ; il y eut alors des mutineries, chacun piétina. Pendant ce repos, du 18 mars au 1er avril, la cité se fit forte, appela des troupes, et se ravitailla pour un mois. Le duc de Nemours, les Seize, les chefs du Tiers avaient reprisé ses murailles, fondu de nombreux canons, surchauffé au moyen des prêtres la haine de ses habitants. Défendue par trois mille hommes réguliers, quarante mille bourgeois en armes, cette ville insultait aux treize mille soldats du Gascon trop faibles pour l’assaillir ou l’étreindre. Il fallait donc, songea le roi, tenter de la « soumettre sans navrer personne », et renoncer à son investissement. Le blocus eut lieu.