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LE ROI

V


Quand il sut redire les dictons par cœur, on ne lui demanda pas de les expliquer ; ces sentences étaient le dépôt de la philosophie populaire, et le prince semblait trop jeune pour en apprécier le fumet terrien, les grâces plaisantes et la bonne humeur héroïque. Une grande chose, cependant, s’était accomplie : la Race, vivement, venait de traverser ce sol vierge, comme une semeuse ; dans cette petite tête attentive, vingt ans avant la moisson, mille grains étaient tombés qui contenaient en germe tout le mauvais et tout le bon : les divers sens de la vie confuse des provinces, le conte merveilleux d’un peuple.

On espéra qu’il saurait engranger plus tard, ôter de la récolte, comme le paysan de l’Évangile, l’herbe pernicieuse et les épis nuls. Sitôt donc