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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/75

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L’ENFANT

Pour ce montagnard de neuf ans tout en flambe, hâlé par la liberté, gras comme une gibecière de gueux où n’y a que nerfs, et qui n’aimait que piétonner et bondir, la vie assise de l’école fut une véritable prison. Dans ce collège de Navarre où sa mère l’avait placé, il eut comme voisins d’entraves, par un de ces hasards qui sont les préventives malices de la destinée, trois Henri qui avaient pour parrain comme lui le roi Henri II, qui devaient jouer un grand rôle comme lui dans les affaires du monde, et qui tous les trois comme lui devaient expirer tragiquement : Henri duc d’Anjou qui fut son roi, Henri de Guise qui voulut l’être, et Henri prince de Condé qui chevaucha sous ses armes contre les deux autres. Aucun signe fatal, mais des gentillesses apprises, pâles et lentes, indiquaient sur toutes ces trois têtes, et la quatrième, celle du Gascon, énergiquement disparate, faisait rire. Rires tôt venus, tôt partis. Rien d’eux, alors, ne faisait prévoir l’assassin tumulte, les démoniaques folies, l’effrayante ivresse de gloire et les milliers de pintes de sang qui jailliraient un jour de ces quatre bouches enfantines. Seul l’avenir, écartant un peu de son voile, eût frappé l’Europe d’une convulsion.

Le prince de Navarre ne retrouva pas au collège les familiarités de Pau. Dès le jour qu’il fut introduit, joyeux, la mine franche, alerte comme un fouleur de vin, la jeune noblesse s’étonna :

— C’est celui-ci dont parlent tant nos familles ?