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I


La bataille de Jarnac durait depuis plusieurs heures lorsque le prince de Navarre se fit conduire sur un tertre, non loin des arquebusades.

C’était le moment de la mêlée. Devant ce drame mortel dont il n’avait eu la vision qu’en des récits et des livres, une volonté supérieure fit deux parts du prince. Son sang, comme une rouge torche, éclaira les caves de son cerveau ; par les ouvertures des yeux, son esprit affolé s’élança comme un aigle vers l’ennemi, et il ne resta sur la selle qu’un corps en proie, cent vingt livres de viande, de sang, de nerfs.

Ce qui se passa dès lors dans le prince est comparable aux fureurs d’une servante jalouse qui voyant son maître parti, renverse tables et chaises, vide les armoires, trépigne sur le linge