Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/31

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belle, très-honnête et très-vertueuse dame, laquelle, etc.

Mon père espéra, un instant, pouvoir rentrer en France, mais les événements prirent une tournure qui rendait toute chance de retour impossible. Le général Dumouriez venait d’abandonner l’armée française avec 1200 de ses guides sortis pour la plupart des troupes de cavalerie légère. On en forma un régiment sous le nom de Hulans, dont le commandement fut donné au fils du marquis de Bouillé, et quatre régiments de hussards qui furent mis sous les ordres du duc de Choiseul, du prince Louis de Rohan, du prince de Salm et du baron de Hompesch. On les appelait des régiments français à la solde anglaise. Mon père commanda une compagnie des hussards de Salm ; ces troupes furent immédiatement employées à défendre la Hollande contre l’armée de Pichegru. On a beaucoup parlé de l’animosité qui régnait entre les soldats révolutionnaires et les corps d’émigrés ; voici un fait qui contredirait cette assertion. Les régiments dont je viens de parler étaient en face du principal corps d’armée dirigé par Pichegru ; mon père était aux avant-postes avec son ami M. du Tillet ; ils commandaient tous deux la grand’garde. Un matin, ils virent une forte colonne se diriger de leur côté. Bientôt un officier se détacha de la colonne et vint au devant d’eux ; c’était M. d’Aumont, depuis général, alors attaché à l’état-major du général Pichegru. Il