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Page:D’Haussonville - Souvenirs et mélanges.djvu/53

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ment mon père en rapport avec tous les personnages considérables de l’Empire. C’était pour lui une société toute nouvelle. Il s’y créa rapidement des relations qui lui ont laissé de bons souvenirs, quoiqu’il les ait négligées depuis comme toutes les autres, par sauvagerie et par ennui du monde. Ses fonctions nouvelles étaient assez astreignantes quand l’Empereur était à Paris. Le chambellan de service couchait habituellement aux Tuileries, afin de se trouver le matin de bonne heure, au moment des audiences, dans le salon qui précédait la pièce où recevait l’Empereur. Combien de généraux fameux, combien de ministres, de grands princes étrangers et de petits souverains, mon père n’a-t-il pas vus attendre patiemment, dans cette sorte d’antichambre, le moment où ils pourraient être introduits dans le cabinet de l’Empereur. Par oisiveté, par passe-temps, pour se distraire de leurs ardentes préoccupations, la plupart de ces personnages entamaient la conversation avec le chambellan de service. Ce n’était pas des affaires du jour qu’on s’entretenait dans le salon d’attente. Les diplomates revenus des missions qui leur avaient été confiées, les chefs de corps, les administrateurs de toute sorte que la volonté du maître faisait voyager d’une extrémité à l’autre de son empire et qui venaient à leur passage à Paris recevoir une direction, des encouragements ou parfois des reproches, ne causaient ni politique, ni guerre, ni administration. Ils ne