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LUDWIG VAN BEETHOVEN

tance dans la construction du morceau, puisque c’est elle qui, par sa triple apparition, en règle l’architecture tonale : mi bémol, sol, ut. — La mélodie qui constitue le thème de l’Adagio rayonne d’une telle splendeur, qu’en la lisant on se sent à la fois transporté de joie et confondu d’admiration. Cette mélodie est un écho, presque un ressouvenir du : Benedictus qui venit de la Messe en , mais avec une bien plus grande intensité expressive, il faut le reconnaître. Il semble que Beethoven, en ce thème cinq fois varié, ait eu l’intention d’expliquer, à la façon des Pères de l’Église, par un admirable commentaire, la nature de ce béni, qui vient au nom du Seigneur. Le changement de lieu et de personne de la troisième variation, bien que le principe reste immuable, confirmerait, selon nous, cette opinion, et deviendrait une figure sensible et musicale de l’incarnation de ce béni… Quoi qu’il en soit, cet adagio restera la plus sublime des prières. — Avec le scherzo et le finale, nous redescendons sur terre et nous retrouvons l’enjouement du Beethoven de la deuxième époque. Le finale nous ramènerait aux impressions pastorales de 1808, si le développement de rêve qui le termine, élevant la phrase quasi-triviale du commencement, jusqu’à d’incommensurables hauteurs, ne venait nous rappeler que tout cela ne se passe plus entre Döbling et Kahlenberg, mais seulement dans l’âme du poète.

XIIIe Quatuor, op. 130, composé en 1825, terminé en novembre 1826. — Le premier mouvement : lutte de deux instincts, l’implorante douceur et la violence inexorable. Le désir de douceur parvient, après bien des combats, à s’infiltrer dans la constitution du thème