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Page:D’Indy - Beethoven, Laurens.djvu/72

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LUDWIG VAN BEETHOVEN

temps, leurs portes amies à la foule des bourgeois de la cité, qui, avides de respirer l’air de la campagne, avaient la satisfaction de retrouver sur les tables de bois, l’habituelle saucisse escortée de la traditionnelle chope de bière. Tous ces cabarets hospitaliers se complétaient d’une salle de danse où un orchestre très restreint réglait les sauteries des burschen aux joues vermeilles et des sentimentales mägdlein, tandis qu’un jardin discret offrait, dans l’intervalle des danses, ses allées parfumées aux amoureux épanchements. Au sortir du village suburbain, équivalent plus honnête et moins tapageur de nos Asnières ou de nos Robinson, c’était la campagne, les champs cultivés, les vallées étroites, le ruisseau dévalant tranquillement des proches hauteurs, et, presque toujours, non loin de là, une vraie forêt, aux arbres centenaires, dont les ombrages invitaient à la rêverie. C’était là le domaine, non plus du citadin en partie de plaisir, mais du paysan, qui, lui aussi, célébrait les jours fériés en buvant, dansant et chantant. Mais chants et danses revêtaient ici un aspect bien plus rude et plus caractéristique sous le ciel libre, que dans la tiédeur des cabarets suburbains.

Que ce soit aux environs de Vienne même, à Döbling, à Heiligenstadt, à Penzing, Mödling ou Hetzendorf ; que ce soit dans le voisinage des villes d’eaux sulfureuses ou alcalines où l’amène la maladie, les parcs à la française des habitations princières exceptés, c’est toujours ce même paysage que parcourt Beethoven en ses promenades, tant au nord de Vienne qu’à l’ouest, tant dans la plaine arrosée par la Wien qu’auprès des rochers de Baden et sous les grands sapins de Teplitz.

Mais de tous ces coins de terre, le plus fertile en