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Page:D’Indy - Beethoven, Laurens.djvu/79

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LUDWIG VAN BEETHOVEN

Mais l’œuvre qui, avec la VIe Symphonie, éveille le plus dans l’âme le sentiment de la riante campagne autrichienne, c’est la sonate pour piano et violon en sol majeur, op. 96. Dès le premier mouvement, on se sent caressé par une molle brise et si, par deux fois, des troupes passent dans le lointain, on oublie rapidement l’appareil de guerre devant la douceur du paysage évoqué. L’adagio, de forme lied, est un pur chef-d’œuvre de pénétrante mélodie, rêverie sur une pente boisée qui pourrait faire pendant à celle « au bord du ruisseau ». Il ne s’achève pas ; une fête paysanne servant de scherzo vient tout à coup troubler la rêverie. Et rien de plus curieux que ce scherzo. Pour la première fois, peut-être, Beethoven y devient descriptif. Étendu dans une prairie, peut-être juché dans un arbre, le poète note d’abord une danse campagnarde aux rythmes heurtés, presque barbares, c’est le scherzo ; puis, voici que, de l’autre côté, lui parviennent, comme apportés et remportés par des coups de vent, les échos d’une danse citadine : valse noble, aurait dit Schumann, qui disparaît bientôt pour faire place, en bon trio classique, au scherzo redivivus. Et ce petit tableau descriptif en partie double n’est pas unique dans l’œuvre beethovénien ; on le rencontrera encore, quoique moins complètement exprimé, dans le finale de l’op. 53, dans les trios op. 70 et 97, et enfin dans le menuet de la VIIIe symphonie, cité plus haut. Cette admirable sonate pour violon, la dernière écrite par Beethoven pour cet instrument, que l’on exécute trop souvent au rebours de son esprit véritable, est comme un résumé du trio en si bémol, dédié également à l’archiduc. Nous n’hésitons pas à ranger aussi ce fameux trio parmi les