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Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/125

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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

encore cette particularité d’un développement fugué tout à fait charmant et bien mélodique, complément du système indiqué par la troisième manière du maître de Bonn.

Les deux dernières pièces : Prière en ut dièze et Final en si bémol majeur, affectent toutes deux la forme premier mouvement de sonate ; la dernière est spécialement intéressante par sa structure ferme et beethovénienne, sa seconde idée, toute de grâce, en opposition avec l’inflexibilité de la première et un important développement terminal aboutissant à une puissante et majestueuse péroraison.

Ces pièces d’orgue, si dissemblables des morceaux de pure virtuosité qu’écrivaient les Lefébure-Wély et autres organistes de l’époque, si hautes d’inspiration, si parfaites d’exécution et d’écriture, resteront comme un solide monument et constitueront une date mémorable dans l’histoire de l’instrument aux cent voix, et il n’est pas douteux que tout esprit doué de sentiment artistique ne puisse que partager à leur égard l’enthousiasme de Liszt, alors que, descendant de la tribune de Sainte-Clotilde où Franck venait de les lui faire entendre, il s’écria, sincèrement ému : « Ces poèmes ont leur place marquée à côté des chefs-d’œuvre de Sébastien Bach ! »