Aller au contenu

Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
CÉSAR FRANCK

bâcla l’exécution de son rôle avec une hâtive indifférence. Aussi le public ne comprit rien à l’œuvre et manifesta son ennui à tel point que le concert prit fin devant une cinquantaine d’auditeurs tout au plus.

Beaucoup plus affectés que le maître lui-même de la malheureuse issue de cette campagne, nous, ses élèves, nous nous obstinions à en chercher la cause dans les difficultés d’exécution que nous estimions n’avoir point permis une convenable présentation de l’œuvre. Aussi résolûmes-nous d’entreprendre le siège du maître jusqu’à ce qu’il eût consenti à changer cette malencontreuse tonalité de fa dièze majeur, principe, croyions-nous, de tout le mal.

Ce fut moi qui me chargeai de porter la parole sur ce sujet. Je dois dire que je fus mal reçu la première fois, et, comme je récidivais, le « père Franck », rompant avec son aménité coutumière, me défendit un jour — presque sévèrement — de lui en reparler. Cependant, plusieurs de ses élèves, préférés, Henri Duparc en tête, venant à la rescousse, il finit par se résigner à transposer l’air de l’Archange et tout le final de la première partie en mi majeur. Mais toute l’économie de l’œuvre en fut profondément altérée, car, si ce ton de mi majeur présente une plus grande facilité d’exécution, il s’en faut qu’il arrive à donner