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CÉSAR FRANCK

vail de la forme. Cela, soit dit en passant, est un reproche très commun qui servit de tous temps de pavé à l’ours ignare et grossier contre le rêveur de génie. Et pourtant quel est le compositeur de la seconde moitié du XIXe siècle qui sut — et put — élever sa pensée aussi haut que celui qui trouva en son cœur aimant et enthousiaste les immenses idées qui constituent le fonds musical de la Symphonie, du Quatuor et des Béatitudes ?

Il arrive assez fréquemment dans l’histoire de l’art qu’une sorte de souffle, passant sur les esprits producteurs, les incite, sans entente préalable, à créer des œuvres de forme, sinon de portée, identique ; on trouverait facilement des exemples de cette espèce de courant artistique chez les peintres et surtout chez les littérateurs, mais les plus frappants de ces exemples sont fournis par l’art musical.

Sans remonter plus haut que l’époque qui nous occupe, le lustre qui s’étend de 1884 à 1889 fut marqué par un très curieux retour vers la forme de la symphonie pure. Sans parler des jeunes, et aussi de quelques vieux sans importance, trois compositeurs déjà arrivés : Lalo, Saint-Saëns et Franck, mirent au jour, ces années-là, de véritables symphonies, mais combien différentes d’aspect et de donnée artistique !