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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

le fond, la forme, l’écriture elle-même, sont, dans cette dernière sorte de composition, presque l’opposé de ce qu’ils sont dans la symphonie pour orchestre par exemple, ce qui fait que les jeunes quatuors, écrits trop tôt, de quelque séduisantes chatoyances soient-ils pourvus, vieillissent vite et s’effondrent en raison de leur manque de solidité.

Les causes de tout cela sont faciles à exposer, mais les donner ici m’entraînerait trop loin, et d’ailleurs cette étude n’a nullement la prétention d’être un traité de composition musicale.

Qu’il me suffise de répéter que le quatuor à cordes est certainement la forme la plus difficile à traiter dignement et que, pour obtenir cette variété dans l’unité qui en est la condition essentielle, une forte maturité d’esprit et de talent, jointe à une sûre expérience de l’écriture, est tout à fait indispensable.

Ce fut au cours de sa cinquante-sixième année que César Franck osa penser à la composition d’un quatuor pour archets ; et encore, en cette année 1888 où nous remarquions avec surprise, étalées sur son piano, les partitions des quatuors de Beethoven, de Schubert et même de Brahms, ne fit-il qu’y penser sans rien écrire, et ce n’est que du printemps de 1889 que datent les premières esquisses.