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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

de fraîcheur, due à la sérénité du ton de si bémol majeur après les déchaînements en tonalités mineures qui précèdent. Cette teinte suave de si bémol majeur reparaît de nouveau, et d’une manière très heureuse, dans le beau quintette en ré bémol qui termine cette partie ; c’est sur les mots : « l’œuvre du Seigneur » qu’elle s’établit définitivement, comme antithèse tonale à l’ut mineur du prince des ténèbres.

Je tiens ici à faire remarquer une dernière fois ce que j’ai déjà avancé en plusieurs endroits de cette étude au sujet de la succession beethovénienne que, presque seul à son époque, Franck sut recueillir et faire fructifier. Autant, plus peut-être que dans d’autres œuvres, il emploie dans les Béatitudes les moyens fournis par la fugue et la variation ; la fugue, nous la trouvons dans la deuxième partie et dans tout le développement de la troisième, sans compter d’autres passages moins saillants ; quant à la haute variation, elle se fait jour à chaque pas au cours de l’ouvrage : variation, le thème de Charité sous ses différents aspects ; variation, la première partie presque tout entière ; variation, l’angélique idéalisation d’un thème de souffrance humaine comme celui du troisième Chant. Ce système de variation provient bien directement de celui des derniers quatuors et n’a rien de commun avec le