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L’ÉDUCATEUR ET L’ŒUVRE HUMAIN

lendemain, le bon père Franck, qui ne pouvait nulle part soupçonner l’injustice, bien loin d’incriminer les membres du jury, mais un peu étonné tout de même, recherchait naïvement avec nous les fautes qui auraient pu motiver pareil jugement…

Il n’entre pas dans mon sujet de gloser sur la culture des élèves de composition du Conservatoire à cette époque, culture qui était un peu, il faut bien l’avouer, le fait de leurs professeurs ; qu’il me suffise de dire que, radicalement ignorants de toute la musique des XVIe et XVIIe siècles, voire même d’une grande partie de celle du XVIIIe, ils regardaient généralement Bach comme un gêneur… et l’écriture de Gluck était l’objet de leurs plus spirituels quolibets. On trouvait des quintes dans Armide, et, proh pudor ! on assurait en avoir également déniché dans une fugue de concours réalisée par Franck lui-même !… À l’heure présente, le Conservatoire est bien changé et tout élève compositeur s’y croirait déshonoré, s’il n’agrémentait pas ses essais d’une multitude, plus ou moins discernée, de quintes directes… ; autres temps, autres quintes. Au moment dont je parle, la Carmen de Bizet, qui venait d’être représentée, ne trouvait pas grâce devant les mêmes juges, et je sais des élèves des classes de composition