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L’HOMME

Au moral, la qualité qui frappait tout d’abord chez Franck, c’était la puissance de travail. Hiver comme été, on le trouvait debout dès cinq heures et demie du matin ; il consacrait généralement les deux premières heures de sa matinée à la composition, c’est ce qu’il appelait « travailler pour lui » ; vers sept heures et demie, après un frugal déjeuner, il partait pour aller donner des leçons dans tous les coins de la capitale, car, jusqu’à la fin de sa vie, ce grand homme dut employer la majeure partie de son temps à l’éducation pianistique de quelques amateurs, voire à des cours de musique dans divers collèges ou pensionnats. C’est ainsi que, toute la journée, à pied ou en omnibus, il se transporte d’Auteuil à l’Ile Saint-Louis, de Vaugirard au faubourg Poissonnière ; il ne regagne d’ordinaire son calme logis du boulevard Saint-Michel que pour le repas du soir, et, bien que fatigué de sa journée de labeur, il trouve encore quelques instants pour orchestrer ou copier ses partitions, quand il ne consacre pas sa soirée à recevoir ses élèves d’orgue et de composition et à leur prodiguer des conseils précieux et désintéressés.

C’est donc durant ces deux heures, souvent

    pinceau de Mme  Jeanne Rongier et qui est certainement la plus fidèle et la plus sincère image de la physionomie du maître.