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Page:D’Indy - César Franck, 1906.djvu/89

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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

tage pour lui-même et, quand il hésitait sur le choix de telle tonalité relative ou sur la marche de tel développement, il aimait à consulter ses élèves, à leur faire part de ses doutes et à leur demander leur opinion.

Suivant la règle de nature qui veut (quoi qu’on puisse en dire) que la plupart des grands créateurs dont la vie est suffisamment longue, présentent en leur œuvre totale trois modes d’expression différents, on trouve chez César Franck trois styles très nettement tranchés, correspondant chacun à une modification extérieure de son existence et présentant, chacun au moment de son plus complet épanouissement, une œuvre importante que l’on peut regarder comme le type même du style dont elle est la fleur, puisqu’elle en offre toutes les qualités caractéristiques, tout en le synthétisant au point de vue de la représentation formelle.

Je diviserai donc la carrière du maître en trois époques de production ; la première s’étendant de l’année 1841 jusque vers 1858, comprenant les quatre trios, toutes les pièces fugitives pour piano, un grand nombre de mélodies vocales et aboutissant comme point saillant, au premier oratorio : Ruth.

La seconde époque va de 1858 à 1872 ; c’est la période de production religieuse, messes, motets,