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CÉSAR FRANCK

de vingt ans qui venait lui soumettre ses premiers essais.

Les trios l’intéressèrent prodigieusement ; il se prit notamment d’un bel enthousiasme pour le final du troisième (en si mineur) et déclara à Franck que ce final était à lui seul une entité et valait d’être publié à part, qu’il se faisait fort de le jouer et de le faire connaître de cette façon en Allemagne[1].

Le jeune Franck se hâta de se conformer aux conseils de son illustre ami ; il retrancha donc de son op. 1 le final du dernier trio et composa pour le remplacer celui qui sert actuellement de conclusion à l’œuvre.

C’est ainsi que le quatrième trio, op. 2, ne consiste qu’en un seul mouvement de forme-sonate dont les expositions sont inversées, en ce sens que la dernière établit tout d’abord le second thème du morceau, gardant pour conclure la phrase initiale. On pourrait reprocher à cette pièce, malgré sa valeur incontestable, trop d’extension dans l’idée première et trop de conci-

  1. Liszt ne manqua point à cette promesse. C’est ainsi qu’on peut lire dans les intéressants Memories of a musical life du Dr Mason, de New-York, qui travailla avec Liszt de 1850 à 1854, l’extrait suivant du journal que lui, Mason, rédigeait quotidiennement pendant son séjour à Weimar : « Dimanche 24 avril 1853, à l’Altenbourg, 11 heures du matin, Liszt joua avec Laub et Cossmann deux trios de César Franck. » (Voy. p. 122 des Mémoires du Dr Mason.)