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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/344

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Nous avions toutes des larmes dans les yeux devant ce hideux tableau, et toutes nous l’embrassâmes avec une effusion qui lui mit du baume au cœur, car nous la vîmes sourire au milieu de ses larmes.

Nous inspectâmes le chat. Il avait été haché par les verges, il était à peine cicatrisé.

Il n’était pas difficile de deviner ce qui s’était passé. Elle avait dû se refuser obstinément à faire la chienne. La matrone vexée avait dû la fouetter pendant une semaine, lui hachant chaque jour un coin de son corps. Puis voyant qu’elle la tuerait sans rien obtenir d’elle, elle l’avait laissée en repos.

Il avait bien fallu huit jours aux cicatrices pour se fermer, et c’est pour qu’on ne vit pas les zébrures qu’elle ne la fouettait plus. Elle comptait aussi sur la pudeur innée de la jeune fille, mais elle avait compté sans la curiosité des filles d’Ève.

Depuis qu’elle se sentait aimée de ses camarades, elle se montra un peu plus gaie, mais elle ne fut jamais très expansive. Elle nous dit cependant le lendemain.