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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/424

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Quand il eut assez de moi, il m’abandonna aux plaisirs des débauchés. Le maître de ballet n’insista plus avec moi, quand il vit que l’intendant avait fait de moi sa favorite.

À la répétition de l’après midi, Marta, la fille que j’avais fouettée le matin sur l’ordre du maître, avait son maillot. Elle me regardait avec des yeux qui lançaient des éclairs, comme si elle eut voulu me foudroyer. Mais elle savait que j’étais en ce moment la favorite du directeur de l’institut, et elle se serait bien donné de garde de me faire éprouver son ressentiment.

J’assistai dans la nuit qui suivit à la correction sévère d’un postérieur, que je connaissais pour le voir tous les jours, mais que je n’avais jamais vu à découvert pour un pareil affront.

Deux coryphées s’étaient glissées dans le lit de deux jeunes rats de danse. La surveillante, une femme d’une trentaine d’années, plantureuse à souhait, feignait de ne