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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/435

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cours à mes larmes, qui ne cessèrent que lorsque mes camarades vinrent se coucher. Mais j’étais étendue sur le ventre, et elles ne pouvaient voir mes yeux rougis de larmes.

J’eus un mal d’estomac affreux toute la nuit. On dit que qui dort dîne ; je n’eus même pas cette ressource, je ne pus fermer l’œil de toute la nuit.

Quatre jours après, je dus de nouveau venir parader sur le billot. Bon ! pensé-je, encore une nuit sans souper. Je reçus vingt-neuf coups de cordes sur mes fesses nues, qui frétillèrent tout le temps de la correction qui fut très sévère.

Je dus m’agenouiller cette fois à côté de l’échafaud, et si je ne vis pas fouetter mes camarades, j’entendis le concert des fustigées, en même temps que les coups de cordes bruyants de l’archet, qui battait la mesure sur la chair claquée. Mes fesses se tortillèrent tout le temps qu’on fouetta la demi-douzaine de danseuses condamnées.

Quand on nous délivra, au lieu de reprendre ma place dans les rangs, on me conduisit dans un appartement, où je me trouvai en présence du jeune lieutenant des