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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/54

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surprise qu’on m’envoyât à un homme seul. C’était la première fois. Quand j’entrai, le conseiller prenait un bain dans le cabinet attenant à la chambre à coucher.

— Ah ! te voilà, petite ! C’est toi qu’on m’a envoyée pour mon bain ? C’est bien la taille qu’il me faut. Tu me parais gentille. Nous verrons si tu le seras jusqu’à la fin. Déshabille-toi, je pourrai te fesser plus à l’aise si tu me sers mal.

Je n’avais pas une longue toilette à défaire, n’ayant qu’un peignoir sur ma chemise, et les pieds nus dans des babouches. Quand il vit mon petit corps râblé tout nu, il me tâta partout. Je rougissais sous la main de cet homme qui était le premier qui me palpait de cette façon. Je ne compte ni le maître ni le jeune barine dont les mains quand elles entrent en contact avec ma peau nue me font cuire les fesses. La main qui me palpait était caressante, et j’avoue qu’elle me faisait peur, je me demandais si je n’étais pas arrivée au point où les hommes se servent de nous. Celui-ci se servit de moi, mais d’une étrange façon que je n’aurais jamais soupçonnée.