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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/80

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tard un bon revenu en la louant comme lectrice à quelque famille riche. Ils avaient pris un engagement de trois ans avec la barine, qui en avait payé disait-on la location assez cher avec tous les droits de corrections. La dame ne manquait pas d’en user et même d’en abuser.

Je vous la présenterai à la toilette de la maîtresse, car c’était là qu’elle remplissait ses fonctions de lectrice.

Quand la gouvernante, guérie de ses meurtrissures, reprit son carnet et sa nagaïka, elle se vengea férocement du plaisir que nous avions visiblement manifesté, en la voyant fouetter sévèrement. Elle n’infligeait que la dose fixée par la maîtresse, mais elle mesurait ses coups de façon à les détacher avec une précision redoutable, atteignant le coin visé, les espaçant pour faire durer le supplice. Quand elle avait appliqué vingt-neuf coups de cordes avec le raffinement de cruauté qu’elle y mettait, les fesses les plus dures étaient en sang tout