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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/82

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boïarine, où elle trouvait à chaque instant l’occasion de satisfaire son penchant de fille cruelle sur les fesses nues des femmes de chambre de sa mère et sur les nôtres.

Nous allions l’y rejoindre quand après avoir endossé la tenue réglementaire et chaussé des feutres. Elle ne nous permettait de passer notre peplum, que lorsqu’elle n’avait plus besoin de nos services, et nous étions toutes employées à la toilette de la maîtresse.

C’était d’abord le tour des coiffeuses. La barine confortablement assise dans un fauteuil au dossier peu élevé, enveloppée dans un peignoir de satin, livrait sa chevelure d’or aux mains des spécialistes, qui avaient fait leur apprentissage aux dépens de leurs fesses, chez une modiste de la ville.

Les coiffeuses non plus ne s’en tiraient pas souvent indemnes. Il leur aurait fallu une adresse de fée, et encore avec l’adresse, le pouvoir de se rendre comme elles invisibles et impalpables, pour se soustraire aux effets de la colère de la maîtresse. Quand le démêloir tirait un peu sur les cheveux, elle les prenait par cette petite mèche qui