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à l’une des deux amies. Elle m’applique vingt coups de lanières, qui me froissaient la peau, qui me cuisait vivement quand je fus délivrée.

Trois autres nous remplacèrent sur l’estrade. C’était toujours le martinet qui flagellait ces fesses de quinze ans, plus formées que les miennes. Les lanières retombaient à l’unisson. En fermant les yeux, on eût pu croire, qu’on ne fouettait qu’un postérieur, si l’on n’avait pas entendu un trio de gémissements.

Trois autres leur succédèrent. Celles-ci reçurent trente coups de cordes à nœuds appliqués avec le même sang-froid, le même unisson, la même rigueur par les trois fouetteuses, qui gardaient un vrai flegme britannique. Par exemple les grandes filles fouettées gesticulaient furieusement sous les cordes tressées, qui leur froissaient la chair, et poussaient des cris déchirants.

Ce fut toujours la nagaïka qui fut de la partie pour les trois autres groupes, seulement au dernier qui devait recevoir trente coups de cordes se trouvait Irina, une superbe fille de vingt ans, qu’elle ne laissait jamais