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ciller, debout, narguant son juge et ses bourreaux. J’en profite pour détailler la belle délinquante.

Éliane est une superbe créature, d’une beauté troublante, dix-huit ans, plutôt grande que petite, svelte et audacieusement cambrée ; un buste à damner saint Antoine et tous les saints du paradis, une luxuriante chevelure noire, descendant très bas, lui couvre les épaules et une partie de la figure ; d’un brusque mouvement elle la rejette en arrière ; ses grands yeux noirs et profonds, ombragés de longs cils soyeux sous d’épais sourcils noirs, brillent d’un éclat extraordinaire, quand elle entend sa condamnation, mais pas un muscle de son visage ne tressaille, la moindre rose ne se mêle à la neige éblouissante de son teint lilial.

La cuisinière et la soubrette, suivies des deux sous-maîtresses, s’avancent pour la dépouiller de ses vêtements ; elle fait un bond en arrière, comme si elle marchait pieds nus sur un serpent, et les arrêtant d’un geste superbe, elle leur signifie d’une voix impérative qu’elle saura bien se déshabiller toute seule sans leur aide, et surtout sans qu’on la touche ; et la lèvre dédaigneusement plissée, l’œil chargé