Le déguisement de Jupiter, représenté par Miss
Pirouett, consiste uniquement en deux grandes
ailes blanches, qui s’agitent, pendant que le
cygne s’avance vers la belle mortelle, la verge
au vent (la verge est un gros godmiché rempli
de lait chaud, car nos tableaux doivent être
vivants). Le dieu du tonnerre, tandis que la
machine tourne, s’agenouille devant la merveilleuse
beauté, et essaie de la pénétrer de son
instrument. Léda semble s’y prêter, car elle serre
tendrement l’oiseau dans ses bras, et quand
le parquet a fait un demi tour, le cygne est
maître de la position, ce que l’on devine aux
violents coups de reins qu’il donne, en agitant
ses ailes déployées. Bientôt les mouvements deviennent
plus rares, plus lents, plus mesurés ;
Léda lève ses beaux yeux langoureux vers son
vainqueur, avec un air de pâmoison céleste.
Quand nous le voyons de profil, le cygne a le
bec cloué sur les lèvres de la belle, qu’il pigeonne
en oiseau épris. Quand ils reviennent
sous nos yeux pour la seconde fois, le maître
de l’Olympe, étendu sur la belle mortelle, cesse
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