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Page:D - La Comtesse de Lesbos, 1889.djvu/75

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trésor, se traitant enfin en vieilles connaissances. C’était pourtant la première fois qu’elles se trouvaient ensemble ; elles s’étaient bien dévisagées, en se croisant au Bois, mais c’était tout ; et elles se témoignaient spontanément la sympathie réciproque, qu’elles avaient ressentie en se voyant. Les épanchements ayant pris fin, Mercédès prend Agnès sur son sein, et la baise longuement. Il ne fallait rien moins que ce long baiser, pour dérider son sourcil, déjà froncé par une pointe de jalousie ; mais dès qu’on lui a souhaité la bienvenue, elle reprend son sourire virginal, et prétend qu’on étonne tout de suite son amie, car, pauvre Blanche, dit-elle, ignore les joies paradisiaques qu’on goûte en ces lieux ; mais, que ce soit en petit comité, car elles n’ont pas pris de loup, et la pauvrette serait honteuse d’avoir à affronter des regards indiscrets. « À nous trois, ma belle, nous saurons bien nous divertir. » — « Vous oubliez, dit la comtesse, que mes soubrettes sont mes amies, et que leur discrétion est sans bornes, comme leur dévouement. Je veux bien inaugurer la séance entre nous,