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Page:Da Ponte - Mémoires, trad. La Chavanne, 1860.djvu/243

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DE LORENZO D’APONTE. 203 peindre plus particulièrement le personnage ; aventure d’autant plus ignorée qu’il s’est bien donné de garde d’en faire mention dans ses Mémoires. Les passions étaient vives chez lui, et ses vices nombreux. Pour satisfaire les unes et les autres, il lui fallait beaucoup d’argent. Lorsqu’il eja était à court, tous les moyens lui semblaient bons pour s’en procurer. Un jour, plus au dépourvu encore que de coutume, il fut présenté à une vieille dame richissime qui passait pour aimer les beaux garçons. Mis au fait de cette faiblesse, Casanova commença à roucouler auprès d’elle et à l’entourer de mille petits soins, puis il en arriva à une déclaration. Mais la dame, voyant fous les jours dans son trop fidèle miroir les rides se multiplier sur son front, et craignant que les beaux yeux de sa cassette ne fussent le plus grand attrait de sa personne, résistait impitoyablement. Il vint alors à Casanova l’idée de lui confier comme un grand secret qu’il possédait l’art de rajeunir et de rendre à la femme la plus décrépite l’éclat de ses quinze ans. Il offrit de lui en donner la preuve irrécusable. La dame, émerveillée, accueillit la confidence avec une joie indicible, et voulut en faire l’expérience. Immédiatement, sans perdre une minute, Casanova se rendit chez une courtisane, à qui il promit une somme assez forte si la comédie qu’elle devait jouer réussissait. Il la grima et la fagota de façon à la rendre méconnaissable, puis la conduisit chez la dame, à la- quelle il avait, par précaution, recommandé d’éloigner ses gens. Il lui présenta son sujet, qui ne démontrait pas