Page:Da Ponte - Mémoires, trad. La Chavanne, 1860.djvu/396

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sonnages distingués dans la société desquels j’ai vécu.

Dans ces récits, il est possible de rencontrer un enseignement, tel qu’on le trouve dans les fables d’Ésope, où, sous le voile de paroles en apparence frivoles, le précepte existe. Beaucoup d’auteurs prétendent que dans la lecture d’une vie privée on apprend plus que dans l’histoire d’un Peuple. Si, dans ma jeunesse, j’eusse été initié par la lecture dans la vie d’un homme à qui mes aventures fussent arrivées, combien de fautes, combien de chagrins me fussé-je épargnés, qui attristent encore en ce moment ma vieillesse ! Je dis avec Pétrarque : Je connais mes fautes et je les déplore.

Mais, hélas ! le mal est sans remède. Il ne m’en reste que le repentir. Que l’on apprenne de moi ce que je n’ai pu apprendre des autres :

A se défendre de trop de présomption et à fuir les adulateurs ;

A se défier des paroles mielleuses ;

A éviter de se livrer à ceux dont on n’a pas eu le temps d’étudier le caractère et les habitudes ;

A ne pas mesurer la droiture des autres à la sienne ;

A ne pas croire que celui qui semble n’avoir aucun intérêt à vous tromper ne puisse le faire à un jour donné ;

Enfin à ne pas se bercer de l’illusion qu’un méchant puisse jamais revenir à des sentiments généreux.

Alors la publication de ces Mémoires pourra devenir de quelque utilité.


Fin.