Aller au contenu

Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

précipite sur Kenel qui reçoit le coup de poing en plein visage. Les verres, les bouteilles s’écrasent sur le carreau. Ginette pousse un cri et se trouve mal. Kenel, qui s’est vite ressaisi, serre Prosper à la gorge.

— Émile, sépare-les ! crie Louise.

Les deux énergumènes ont roulé au milieu des chaises renversées. Ils écument, se bourrent de coups. On fait cercle autour d’eux, sans oser les approcher. Kenel, le plus fort des deux, réussit à acculer Prosper dans un coin et là, un genou posé sur la poitrine de son adversaire, les poings serrés, il hurle :

— Je t’écraserais comme une merde !

Les yeux de Prosper demandent grâce. Lecouvreur se précipite.

— Finissez ! Ou je fais venir la police.

Kenel se relève le premier ; des clients aident Prosper à se mettre debout. On essaie de les réconcilier. Ginette, affalée sur une chaise, continue à sangloter.

L’œil poché, la chemise ouverte, les vêtements couverts de sciure, Prosper, longtemps indécis, se laisse enfin traîner vers son ex-ami. Il ne sait plus bien ce qui s’est passé. Peut-être a-t-il mal vu, après tout. On le presse, on le pousse. Il tend la main à Kenel.