Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XIX


Chaque jour, vers une heure, Mme Fouassin poussait la porte du café. C’était une femme entre deux âges, nerveuse et efflanquée, qui fabriquait en chambre « l’article de Paris ». Elle demeurait un instant sur le seuil pour appeler ses chiens, deux bâtards qui ne la quittaient pas, puis elle allait s’asseoir devant une table, posait son sac, son fouet, son trousseau de clefs, et, tout en surveillant le repas de Lecouvreur, bavardait intarissablement.

« J’ai plus de goût à rester chez moi, disait-elle. Je fais que d’entendre tousser du matin au soir, comme à l’hôpital. (Son mari se mourait de tuberculose.) J’ai beau m’enfermer dans la salle à manger, il est toujours à m’appeler : « Lucie, donne-moi un mouchoir, Lucie donne-moi de la tisane, donne-moi ci, donne-moi ça. » Il pense qu’à lui comme tous