Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/140

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nir de votre petit ?… » Rien n’y faisait. Bientôt même, Renée découcha.

Elle rentrait au matin, à l’heure où les ouvriers partaient au travail. Elle se glissait dans l’escalier et les locataires qu’elle rencontrait souriaient de la voir nippée comme ça. Elle avait juste le temps de quitter sa robe et de passer un linge mouillé sur ses joues pour enlever le maquillage. Dans la boutique, on l’accueillait par des moqueries et s’il lui arrivait d’étouffer un bâillement, « Renée a la gueule de bois », disait-on.

Toute la matinée, elle se traînait de chambre en chambre. Elle avait grand’peine à ne pas céder au sommeil. Souvent elle emportait une petite fiole de rhum dans la poche de son tablier, et lorsqu’elle n’en pouvait plus elle buvait une gorgée pour « se remonter ». Enfin, le soir arrivait. C’était la délivrance. Elle allait pouvoir dormir.

Une nuit, elle était en plein sommeil, quand Bernard vint la retrouver à l’improviste. Lorsqu’elle s’éveilla, Bernard se vautrait sur elle.

« Fais pas de manières, » souffla-t-il, lui fermant la bouche d’un baiser.

Au matin, en s’en allant, il lui mit un billet de cent sous dans la main.